Orange, leader sur la fibre optique depuis toujours, ne voit pas d’un très bon œil les annonces de l’autorité de régulation qui visent à encourager la concurrence dans le secteur.
Orange obligée de partager ?
Sébastian Soriano, président de l’autorité de régulation des télécoms (Arcep) juge « désastreux » le classement de la France en termes d’infrastructures de très haut débit, fixe et mobile, selon un article des Échos.
Il a annoncé hier les mesures qui devraient permettre de les développer, soulignant tout de même « l’effort d’investissement porté par Orange » qui possède les trois quarts de part de marché. L’Arcep veut pourtant donner « accès aux infrastructures » aux « opérateurs alternatifs » afin qu’ils puissent « animer le marché du détail », une annonce qui a du mal à passer chez Orange.
En effet, la marque pourrait être obligée de vendre à ses concurrents ses capacités en fibre non utilisées, voire donner accès à des immeubles où elle a installé ses infrastructures aux autres opérateurs « sans barrière de prix à l’entrée ».
Dans le rapport, il est également envisagé un renfoncement de la concurrence sur le marché à destination des entreprises. Les petits opérateurs qui travaillent avec des sociétés pourraient donc bénéficier d’un meilleur accès aux infrastructures.
Vers une riposte d’Orange ?
La CFE-CGC a répondu à ces préconisations dans un communiqué : « Pénaliser le 1er de la classe n’est certainement pas dans l’intérêt de la France. » FO renchérit : « Il est très étonnant que celui qui a contribué à définir le plan Très Haut Débit (THD) reproche aujourd’hui à Orange d’appliquer ses décisions », pointant du doigt les « injonctions paradoxales du président de l’Arcep Sébastien Soriano ».
Pour la CFE-CGC, ces préconisations auront un « impact désastreux pour toute l’entreprise […], car le chois d’imposer à Orange des obligations nouvelles sur ses investissements sur la fibre conduire à une augmentation de la pression des actionnaires majoritaires (…) pour qu’Orage arrêt d’investir sur la fibre en France et privilégie d’autres pays où la rentabilité est meilleure, comme l’Espagne ». Et le syndicat de rappeler qu’Orange est détenue « majoritairement par des fonds de pension, en grande partie américains ». En effet, l’État possède 22 % d’Orange, et les salariés 5 %.
Que faut-il craindre de ces orientations si elles aboutissent ?
En juin dernier, le président de l’Autorité expliquait : « A l’Arcep, nous avons une conviction profonde : deux acteurs, ce n’est pas assez. Nous ne croyons pas au duopole. Pourquoi ? Parce que cette situation ne permet pas d’entretenir une dynamique d’investissement, d’innovation et de tarification suffisamment forte. L’expérience montre qu’au bout d’un moment, les deux gros se regardent toujours en chien de faïence… Notre conviction, c’est que “two is not enough” et que trois acteurs – voire plus – sont nécessaires. Surtout, nous pensons que c’est le bon moment. Il y a un alignement des astres pour ouvrir le marché pour permettre à un troisième pôle de se structurer ». L’affaire ne fait que commencer.