Selon les derniers communiqués du ministère de l’Enseignement supérieur, 65 % des élèves de terminale ont reçu « au moins une proposition » de la plateforme Parcoursup. Les semaines précédentes, certains étudiants ne comprenaient pas le fonctionnement de Parcoursup. Aujourd’hui, élèves et syndicats des quartiers populaires protestent contre la plateforme, jugée parfois discriminatoire.
Des résultats qui suscitent des interrogations
Après un sondage auprès des enseignants, le syndicat Sud avance qu’une classe de terminale scientifique à Stains comporte 63 % d’élèves sans aucune proposition. Et jusqu’à 71 % de moyenne dans un lycée professionnel de Saint-Denis. Au contraire, à Sceaux, une classe de candidats au bac littéraire ne présente aucun élève sans réponse. Des écarts qui font débat.
Julie Le Mazier, membre de Sud Éducation et professeure dans le Val d’Oise, s’exprime sur France Bleu : « Les bons élèves des classes des quartiers défavorisés n’ont pas de résultat, cela montre bien qu’il y a une discrimination soit par origine de ville, soit par lycée d’origine ».
Blocus au lycée Paul Eluard à Saint-Denis
la semaine dernière, 64 % des élèves du lycée Paul Éluard étaient en attente d’un établissement. Les équipes éducatives et les enseignants ont décidé de bloquer l’établissement scolaire, ce jeudi, afin de manifester contre « le caractère discriminatoire de parcoursup ».
Tables, poubelles, barrières… une impression de déjà vue, à Tolbiac ou Nanterre, quelques semaines auparavant. Des bandelores prônent la colère des bloquants. On peut lire « Notre avenir en attente », ou encore « Parcoursup : le rêve se fait attendre », révèle France Bleu.
« J’ai demandé des prépas et je n’ai été accepté que dans mon établissement : à Paris je suis en attente » s’agace Yassine sur France Bleu, élève en terminale S, et qui assure avoir 15 de moyenne générale. « Nous les élèves de banlieue on n’est pas pris sur Paris parce qu’ils préfèrent choisir des élèves privilégiés » ajoute-t-il. « Ils préfèrent un 10 de Neuilly qu’un 15 de Saint-Denis ! » abonde son camarade Chems, en terminale ES et sur liste d’attente pour tous ses vœux, essentiellement dans des universités parisiennes.
Lettre ouverte du président du Conseil départemental à Mme Vidal
Stéphane Troussel, un élu de Seine-Saint-Denis, voit d’un mauvais œil le manque de concertation lors de la création de la plateforme, et l’urgence des élèves pour répondre à leurs vœux. Dans sa lettre ouverte, il dénonce : « Je ne veux pas que les lycéens des quartiers populaires soient les remplaçants du système scolaire ». Plus loin, il dénonce « des critères non objectifs se basant sur la réputation des établissements ».
Révolté, il demande à la ministre de publier les algorithmes locaux. « J’ai regardé les passages de Frédériques Vidal à la télévision ou à la radio, elle ne répond pas sur les critères d’admission ».
Côté ministère, on soutient le fait que le lycée d’origine n’affecte en rien l’admission dans les formations postbac. La ministre y va même de son couplet, en twittant :
Je souhaite vous rassurer @StephanTroussel : la loi #ORE lutte contre les inégalités sociales et territoriales, en créant un taux minimal de boursiers obligatoire dans toutes les formations. Je suis disposée à en discuter avec vous le moment venu, autrement que sur Twitter.
Je souhaite vous rassurer @StephanTroussel : la loi #ORE lutte contre les inégalités sociales et territoriales, en créant un taux minimal de boursiers obligatoire dans toutes les formations. Je suis disposée à en discuter avec vous le moment venu, autrement que sur Twitter.
Une guerre qui n’arrange en rien les contestations dans les banlieues, à quelques semaines du baccalauréat.